Taxe sur les complémentaires santé : une facture de 2,2 milliards par an

Le Premier ministre, François Fillon, a annoncé le 24 août un plan d’économies devant rapporter à l’Etat 1 milliard d’euros en 2011 et 11 milliards en 2012. Il augmente à 7% la taxation des complémentaires santé, pour atteindre 2,2 milliards d’euros par an dès 2012. La Mutualité Française dénonce une mesure « injuste, incohérente et inefficace ».

Le plan d’économies présenté par le 24 août par le Premier ministre, François  Fillon, doit rapporter à l’Etat 1 milliard d’euros en 2011 et 11 milliards en  2012. Dans ce cadre, les garanties santé des mutuelles vont subir une nouvelle  taxation brutale, qui passera de 1,2 milliard d’euros en 2011 à 2,2 milliards  dès 2012.

Jusqu’à 2010, les contrats responsables des complémentaires santé ont été  exonérés de la taxe sur les conventions d’assurance (TCA). Pourquoi ? Pour  inciter les assurés sociaux à suivre le parcours de soins coordonnés et le  dispositif du médecin traitant du gouvernement.

Début 2011, le gouvernement a décidé de taxer ces contrats à hauteur de 3,5%.  Cette première mesure rapporte 1,1 milliard d’euros à l’Etat sur l’année pleine.  La nouvelle taxe au taux de 7% annoncée hier par le Premier ministre va  rapporter 100 millions de plus en 2011, soit 1,2 milliard d’euros à la fin de  cette année. En 2012, elle coûtera, tous comptes faits, 2,2 milliards aux  complémentaires santé et aux ménages.

« Dans un contexte de réexamen général des dépenses fiscales et dès lors que  les contrats responsables et solidaires représentent désormais environ 90% des  contrats d’assurance maladie, il est proposé de supprimer ce régime dérogatoire  et d’appliquer le taux de droit commun de 7% à ces contrats », indiquent les  services du Premier ministre.

La Mutualité Française a immédiatement réagi par la voix de son président,  Etienne Caniard. Dans un communiqué de presse, elle dénonce une décision  « injuste, incohérente et inefficace ».

Le gouvernement fait peser l’effort sur les usagers de la  santé
« Cette mesure annoncée aujourd’hui par le Premier ministre est un  très mauvais coup porté à l’accès aux soins quand on sait que les  complémentaires financent aujourd’hui 50% des soins de premier recours,  indique-t-elle. Le gouvernement a délibérément choisi de faire peser sur les  usagers de la santé une très grande partie de l’effort budgétaire, alors que des  secteurs entiers de l’économie en sont totalement exemptés. »

« Si nul ne conteste la nécessité de lutter contre les déficits, comment  comprendre le choix de taxer les complémentaires santé, indispensables à tous  les Français, y compris les moins favorisés, quand l’effort demandé aux plus  hauts revenus ne sera que symbolique », s’indigne Etienne Caniard.

De plus, « cette mesure sera inefficace à terme car elle va à l’encontre des  ambitions affichées par ce même gouvernement d’une meilleure organisation du  système de santé. La taxation quasi uniforme des garanties complémentaire santé  ne permettra plus de valoriser les contrats solidaires et responsables,  accentuant ainsi la dérégulation et l’exclusion par la sélection des  risques ».

Ghislaine Trabacchi et Pascal Lelièvre