Orientation 3 – Rendre la santé accessible, inclusive et protectrice du bien-être psychique et physique de chacun

Avec la crise sanitaire, les Français subissent une dégradation marquée de leur état psychique. La santé mentale, longtemps tue et parent pauvre du système de santé, a fait irruption dans le débat public. L’importance de la santé mentale et les difficultés rencontrées pour sa prise en charge ne sont pas nouvelles : 13 millions de personnes en France sont touchées chaque année par un trouble psychique mais la concentration des psychiatres dans les grandes agglomérations en limite l’accessibilité. Et pour la moitié des Français, le coût de la consultation d’un psychologue est un obstacle.

Parce que la consultation d’un psychologue peut désamorcer de nombreuses situations et éviter le recours à des solutions médicamenteuses, les mutuelles, puis les pouvoirs publics, ont facilité les mécanismes de remboursement. Mais il y a encore beaucoup à faire pour améliorer la santé mentale et plus globalement le bien-être, notamment des jeunes et des femmes.

Par ailleurs, dès le premier confinement, des craintes ont été exprimées concernant la capacité des femmes à signaler des violences subies. En 2021, 113 féminicides ont été commis en France par un époux ou un compagnon, actuel ou ancien, selon le collectif « Féminicides par conjoint ou ex-conjoint ». Autres conséquences de la crise sanitaire sur la santé, le dépistage des pathologies s’est ralenti, accentuant les pertes de chance de vie en bonne santé. Le dépistage de certaines maladies méconnues du grand public, telle que l’endométriose, qui touche pourtant près de 10 % des femmes en âge de procréer et qui est la première cause d’infertilité en France, n’a pas pu être correctement déployé.

Accorder de l’attention au mal-être de l’autre, en étant capable d’interroger de
potentielles violences subies (psychiques, morales, physiques), mieux dépister
des pathologies méconnues et sensibiliser le plus grand nombre aux signaux-clé
de pathologies, sont autant d’enjeux essentiels.

Pour la Mutualité Française, l’évolution de la médecine vers une discipline plus englobante, plus soucieuse du bien-être de chacun, doit être encouragée. Cela passe notamment par :

  • La prise en compte des spécificités de toutes les populations
  • Une meilleure adaptation des soins aux personnes en situation de handicap.

PROPOSITION 3.1 FORMER, INFORMER, DÉPISTER POUR AMÉLIORER LA SANTÉ ET LE BIEN-ÊTRE

  • Santé mentale : les maladies mentales sont peu connues et les malades sont victimes d’idées préconçues, ce qui nuit à la détection précoce de leurs troubles. Leur prise en charge requiert une réponse graduée, respectueuse du degré d’autonomie atteignable.
    Mesures opérationnelles :
    – Développer des actions à destination du grand public pour déstigmatiser les troubles mentaux, pour aider les populations à identifier des signes de mal-être, et pour expliquer les rôles des différents intervenants de la santé mentale ;
    – Investir dans le dépistage et la prévention des troubles psychiques notamment en renforçant les services de médecine préventive et de promotion de la santé (protection infantile, médecine scolaire et universitaire, médecine du travail) ;
    – Créer de nouveaux métiers et développer des protocoles de coopération entre professionnels pour disposer du temps nécessaire à l’accompagnement des patients (avec, par exemple, la formation des infirmiers en pratique avancée en psychiatrie et santé mentale) ;
    – Organiser une gradation des soins en fonction de la sévérité des troubles du patient et encourager le développement des résidences d’accueil permettant une plus grande autonomisation des patients en sortie d’hôpital.
  • De nombreuses situations délétères et pathologies pourraient être évitées si les
    intervenants étaient plus sensibilisés à leur repérage.
    Mesures opérationnelles :
    – Mieux former les professionnels de santé aux signaux-clés de violences faites aux femmes ;
    – En milieu professionnel, sensibiliser aux signaux-clés pouvant être liés à des pathologies courantes mais passées sous silence ou mal-connues (par exemple, troubles dépressifs, troubles migraineux…) et améliorer le dépistage.

PROPOSITION 3.2 FAIRE DE LA MÉDECINE UNE DISCIPLINE PLUS INCLUSIVE

  • Les personnes en situation de handicap peuvent être confrontées à des difficultés pour accéder à certains soins en raison d’une inadaptation à leurs besoins spécifiques.
    Mesure opérationnelle :
    – Favoriser la recherche et la formation des professionnels de santé pour que les spécificités de genres soient respectées dans le parcours des patients ;
    – Assurer un suivi gynécologique adapté à la situation de handicap ; faciliter les soins dentaires pour les personnes en situation de handicap mental.