« Environnement chimique, obésité, diabète : un constat pour une meilleure prévention » : c’est le thème du colloque, organisé à Paris le 4 avril dernier par la Mutualité Française et le Réseau Environnement Santé, qui a rassemblé 300 personnes à l’Assemblée Nationale. Ce colloque s’est articulé autour de deux temps forts. La matinée a été consacrée aux travaux de recherche sur les maladies métaboliques et les perturbateurs endocriniens pour dresser un premier constat. Puis, l’après-midi a débuté par plusieurs interventions sur les aspects réglementaires et économiques avant de se poursuivre avec une table ronde dédiée aux nombreuses actions de promotion de la santé environnementale déjà menées par des acteurs de la société civile pour sensibiliser le grand public et former les professionnels des secteurs sanitaire et médico-social à la réduction des risques environnementaux.
Les chercheurs connaissent depuis longtemps les conséquences de l’obésité et du diabète sur le système endocrinien, provoquant l’apparition de complications et de maladies tels que les cancers. Parallèlement, des données scientifiques de plus en plus nombreuses ont mis en évidence le rôle important joué par la pollution chimique dans la prévalence de ces maladies métaboliques, notamment celle provenant de substances de type perturbateurs endocrinien. C’est sur ce sujet précis que la Mutualité Française Nord – Pas de Calais est venu présenter son projet phare lors de ce colloque : Femmes enceintes, environnement et santé, co-porté avec l’APPA Nord – Pas de Calais.
L’objectif de ce projet est de diminuer l’exposition aux polluants environnementaux des femmes enceintes et de leur bébé, en s’appuyant notamment sur les professionnels de la périnatalité de la région : des sessions d’information leur sont proposés afin qu’ils puissent devenir relais de prévention auprès des futurs et jeunes parents.
Les perturbateurs endocriniens, dont fait partie le très connu Bisphénol A, sont un véritable enjeu de santé publique. Ils bouleversent l’approche classique « la dose fait le poison » et imposent une nouvelle grille de lecture toxicologique où la période d’exposition est cruciale, les faibles doses ont plus d’impact sur les fortes, la période de latence est grande entre exposition et pathologie, les effets sont potentiellement transgénérationnels. L’exposition in utero ou pendant la lactation à des substances tels que les BPA et les phtalates peuvent générer une obésité. La résistance à l’insuline est également augmentée suite à cette exposition. Des substances plus persistantes peuvent aussi venir se stocker dans le tissus adipeux et impacter sa fabrication ainsi que la sécrétion d’insuline. On parle désormais de polluants obésogènes et diabétogènes.
Les perturbateurs endocriniens imposent 3 grands défis. Tout d’abord, apporter la preuve scientifique, dans la population générale, de leurs impacts sur la santé, et notamment concernant la prévalence de maladies métaboliques. Ceci ne pourra se faire que sur le long terme, grâce à des études de cohorte, longue et coûteuse. Nous n’avons aujourd’hui que des preuves épidémiologiques indirectes et en laboratoire. Autre grand défi : identifier toutes les substances perturbateurs endocriniens présentes dans notre environnement et légiférer en conséquence. La tâche semble titanesque au vu du retard accumulé et des définitions qui ne semblent pas encore claires. Enfin, agir auprès des populations les plus fragiles en les protégeant et en les informant afin qu’ils puissent faire des choix éclairés pour eux-mêmes et leurs enfants.
Retrouvez plus d’informations sur le colloque organisé le 4 juin prochain à Saint Amand Les Eaux sur la thématique des perturbateurs endocriniens en cliquant ICI.
Vous pouvez télécharger la fiche explicative du projet Femmes Enceintes Environnement et Santé en cliquant ICI.