Elections européennes : la Mutualité se mobilise et signe un manifeste

Pour promouvoir « une Europe sociale qui protège » et peser dans le débat des élections européennes, qui se dérouleront le 26 mai en France, la Mutualité Française signe un manifeste avec des partenaires européens (mutuelles, fédérations et associations représentant les mutuelles).

A l’instar de la démarche initiée lors des élections de 2017, la Mutualité Française, en partenariat avec différentes Mutualités européennes, entend faire émerger et faire vivre un débat, large et ouvert, sur ce que chacun attend de l’Europe de demain. Pour cela, elle lance Place de la santé – Europe, une démarche citoyenne participative visant à offrir un espace d’expression et de collaboration à tous les Européens qui souhaitent imaginer ensemble ce que sera, demain, l’Europe sociale.

Vous pouvez d’ores et déjà vous y rendre afin de découvrir le manifeste européen, compléter le questionnaire puis, au fur et à mesure du calendrier, vous inscrire aux débats proches de chez vous et voter pour les propositions de votre choix : https://europeennes.placedelasante.fr/home/1

Découvrez la vidéo d’explication sur la mobilisation citoyenne autour de l’Europe sociale en cliquant ICI

Une démarche participative en 4 temps

La démarche, résolument tournée vers les citoyens, tend à faire émerger des idées nouvelles sur les thèmes de la santé, de la protection sociale, de l’égalité, du développement durable, du travail et de l’emploi, du numérique et des solidarités au sens large.

Les temps forts

Manifeste : Construisons ensemble l’Europe sociale !

L’Europe est suspendue aux élections prévues en 2019. L’instant est idéal pour réfléchir à ce que pourrait être l’Union européenne demain et, surtout, à ce que nous, les mutualistes, voulons qu’elle soit.

Nous croyons dans ses valeurs fondamentales et saluons l’acquis historique, sinon unique dans l’histoire des Hommes : la paix, l’avancée de la démocratie, de l’Etat de droit, le respect des droits de l’Homme, la liberté de circulation. Il reste remarquable que sur ce petit territoire, des langues et des cultures plurielles réussissent à se parler, à faire ensemble, alors qu’elles se sont fait la guerre.

Mais en soixante ans, l’Europe a changé, et le monde a changé. La crise économique, financière et des dettes souveraines n’est toujours pas derrière nous. Elle a laissé son empreinte : l’augmentation de la pauvreté, des inégalités, le chômage, notamment des jeunes. Parallèlement, des transformations géopolitiques bousculent la capacité des Européens à faire ensemble, qu’il s’agisse du réchauffement climatique, des flux migratoires, du terrorisme ou encore du numérique.

Face à ces évolutions, l’Union ne pourra pas répondre comme elle en a pris l’habitude, à savoir en élargissant le marché, en abattant les frontières, en instaurant un grand espace de mouvement pour tous les Européens. Surtout quand c’est à cette Europe que les Britanniques ont répondu « exit », en majorité.

L’Union ne pourra pas non plus se limiter à sa « clientèle » habituelle. Historiquement, sa politique agrée les entreprises, les étudiants, les personnes diplômées et aisées. Cependant, l’Union européenne doit aussi bénéficier aux plus précaires, notamment les jeunes, qui pour certains y voient une menace plutôt qu’une opportunité.

Si tous les citoyens sont en quête de rassurance et de sécurité, une opposition tend à s’imposer entre ceux qui ont pu profiter de la construction européenne, et ceux qui souffrent d’inégalités et demandent à l’Europe protection. Parmi eux, beaucoup s’interrogent sur la raison d’être même de l’Union – Quels sont ses buts ? A-t-elle encore un avenir ? – quand elle n’est pas dépeinte en cheval de Troie de la mondialisation. D’autres encore, simplement résignés, indifférents, considèrent déjà cette histoire comme ne les concernant plus.

Renforcer la cohésion économique, sociale et territoriale est, selon les traités, l’un des principaux objectifs de l’Union. Du chemin reste à parcourir, au vu du nombre de citoyens qui se sentent exclus du projet européen. L’Europe doit pouvoir garantir la sécurité de tous, physique et économique. Elle doit, à nouveau, améliorer le quotidien de ses habitants, protéger l’environnement dans lequel ils vivent. Elle doit porter de manière audible un discours protecteur, pour regagner la confiance des citoyens.

Il est urgent de renouer avec un récit européen, de l’incarner. L’enjeu, c’est de pouvoir dire « Nous, les Européens», et non plus « Eux, à Bruxelles », ou encore « Eux, les continentaux », comme on a pu l’entendre au Royaume-Uni. Les identités locales et nationales ne sont pas en contradiction avec une identité européenne. Au contraire, l’identité européenne s’est construite sur l’histoire, la culture, et les valeurs nationales et locales.

Le thème de la protection a été au cœur des consultations citoyennes organisées par la Commission européenne. On y a beaucoup parlé d’Europe sociale, de la santé, des solidarités, de l’environnement, du travail et de l’emploi. Or, c’est précisément sur ces points que l’Union manque aujourd’hui de souffle, d’idées, de volonté politique partagée.

La proclamation du socle européen des droits sociaux a ouvert la porte à un nouveau visage de l’Europe : une Europe sociale qui protège ses citoyens, et qui a la capacité de satisfaire leurs besoins concrets de santé et de protection sociale. Les mutuelles, en tant qu’acteurs de l’économie sociale, sont un acteur incontournable dans la mise en œuvre de ce socle européen des droits sociaux. Les mutuelles contribuent à la croissance économique et à la création d’emplois tout en mettant en première ligne les valeurs de solidarité,  l’inclusion sociale, la primauté de la personne, et de l’objet social sur le capital et la gouvernance démocratique.

Pour rédiger ce Manifeste, nous, les mutualistes, acteurs européens de la société civile et du progrès social, croyons dans une mobilisation citoyenne dans les 28 Etats membres, à laquelle nous comptons contribuer ces prochaines semaines. Le modèle mutualiste est capable de fournir des réponses aux crises économiques, sociales et démocratiques que l’Europe traverse. Notre ambition est de ranimer les idées qui ont sous-tendu la création de l’Union, en plaçant l’avenir de la protection sociale en Europe au cœur des débats politiques nationaux.

A notre échelle, nous voulons porter une vision de l’Europe, juste, redistributive, respectueuse de l’humain et de l’environnement. Nous voulons croire que ce sont les valeurs de solidarité, notre conception de l’organisation de la vie en société, qui nous caractérisent en tant qu’Européens.

Citoyens européens, ayons le courage de défendre une certaine idée de la construction européenne, sur l’ensemble des sujets qui rongent aujourd’hui sa légitimité. En d’autres termes, si nous voulons la paix, cultivons la justice.