Après le scandale des médicaments détournés de leur raison d’être et devenus des produits commerciaux néfastes à la santé, pourquoi l’autorité garante de la santé des Français ne décrète-t-elle pas la prescription par la dénomination commune internationale du médicament, indépendamment de la marque ?
Le prescripteur, souvent le médecin traitant que vous avez choisi, vous indiquerait le nom de la molécule la plus efficace pour vous soigner, en dehors de toute autre considération (pas de marque). Son acte, conforme à la déontologie, serait purement médical.
Le pharmacien, autre acteur du premier recours en santé, délivrerait cette molécule sous la forme la plus efficiente : la moins coûteuse à efficacité égale. Il se placerait ainsi aux côtés du patient ; patient qui est en même temps cotisant à la Sécurité Sociale, affilié sans doute à une mutuelle complémentaire et soucieux d’avoir un reste à charge minimum.
Rendre cette liberté au médecin, en l’éloignant de pensées autres que médicales, rembourser les médicaments utiles correctement (et seulement ceux qui démontrent leur efficacité), mettre le professionnel à l’abri des exigences de sa patientèle par une modification raisonnable du mode de rémunération (forfaits prévention, maladie longues…), seraient sans doute de bonnes bases pour une vraie réforme de la santé en France.
Associer le pharmacien au financeur pour la délivrance au meilleur prix, concentrer les remboursements pour ce qui est vraiment utile à la santé, avoir pour préoccupation principale la santé des Français et centrer l’effort sur les personnes, parfois même avant qu’elles soient malades, conforterait ce système auquel nous tenons et permettrait de le pérenniser, plutôt que de voir les dettes s’accumuler et les remboursements diminuer année après année.
Ce projet ne pourra être accepté sans mal par les entreprises florissantes qui vendent des produits pharmaceutiques à grand renfort « d’informations médicales » ; il est contraire à la théorie du bénéfice commercial sans soucis de la qualité du produit vendu. Les utopies sont difficilement réalisables mais se concrétisent parfois. La Mutualité Française travaille depuis plus de dix ans sur le dossier du médicament et ses idées rencontrent une vive résistance.
Nous sommes 2,5 millions de mutualistes en Nord-Pas de Calais et il revient aux élus mutualistes mais aussi à chacun d’interpeller les décideurs sur ce sujet et d’agir.
Jean Pierre DINAUT,
Président de la Mutualité Française Nord – Pas de Calais