Le Défi Solidaire : un concours régional à la croisée de l’humain et des réalités de terrain

Qui a dit que la solidarité était une valeur désuète ? Ses détracteurs disent qu’elle est d’un autre temps. Ici à la Mutualité Française Hauts-de-France, on pense au contraire qu’elle traverse les époques et les générations et qu’elle se renouvelle à l’image de notre concours régional « Défi Solidaire » dont la 11^ème remise de prix s’est tenue le 15 novembre dernier à Arras.

48 personnes ont fait le déplacement pour connaître les lauréats du concours

 Depuis l’année de sa création, en 2008, le Défi Solidaire a déjà changé de nom, d’identité graphique et même de stratégie de communication. Mais tout ça sans jamais en changer l’esprit : récompenser les porteurs de projets solidaires ou d’utilité sociale, si vous trouvez la formule plus dans l’air du temps. Les règles n’ont pas non plus changé. Que vous soyez une association, un étudiant, un travailleur indépendant, un retraité, etc., si vous résidez dans les Hauts-de-France, et que vous êtes à l’initiative d’un projet ou d’une action qui améliore la santé, la solidarité et le bien-être dans notre région, le Défi Solidaire peut vous aider.

11 690€ de gains étaient distribués cette année pour soutenir le développement de 5 projets de la région. Et oui, même dans le milieu de la solidarité, le financement est au cœur du développement. Pour en parler et apporter des solutions aux porteurs de projets présents, la Mutualité Française Hauts-de-France a invité deux partenaires de la région.

Des dispositifs « coup de pouce » pour booster un projet

France Active, vous connaissez ? C’est un accélérateur de projets représenté à la remise des prix par le directeur adjoint de Pas-de-Calais Actif, Benoît Bara, « je suis persuadé que la réduction des inégalités passe par la création d’activités et d’emplois à impact positif pour la société, c’est tout l’intérêt pour France Active d’accompagner l’émergence de ces entités en région ». France Active travaille sur le versant financier dans le montage des projets en aidant à bâtir le business plan, et à mettre des prêts solidaires ou garanties d’emprunt à disposition. Petites entreprises à but non lucratif, structures de l’ESS, start-ups sociales, associations, coopératives, les équipes de France Active accompagnent des profils d’entrepreneurs très variés au même titre que la région Hauts-de-France représentée à la remise des prix par Quentin Pille, chargé de mission à l’Economie Sociale et Solidaire, « le cheval de bataille de la Région est l’emploi. La Région est engagée pour le développement des emplois associatifs et encourage celles et ceux qui entreprennent par la mise en place de plusieurs dispositifs d’aide à l’émergence de projet d’utilité sociale ».

ESPACE VIE CANCER se bat pour qu’Emilie puisse garder un lien avec l’école malgré sa maladie

« C’est une leçon de vie que nous donne Emilie, ce petit bout de chou de 4 ans qui endure la chimio depuis un an ». Ce sont les mots poignants de la présidente de l’association Espace Vie Cancer de Fourmies, Patricia Poupelle, lauréate du Défi Solidaire. Son projet : permettre à Emilie, 4 ans et atteinte d’une leucémie, de suivre sa scolarité à distance. « Il y a 18 ans, nous avons créé Espace Vie Cancer car l’on trouvait qu’une fois le cancer diagnostiqué, il manquait un maillon sur la chaîne du combat vers la guérison ». Partant du constat que les enfants de classes de maternelle sont exclus du dispositif de Service d’Assistance Pédagogique A Domicile et de fait, privés de scolarité, l’association a imaginé un système d’enseignement à distance.

La dotation de 1890€ servira à l’achat de deux ordinateurs : le premier sera disposé dans l’ancienne classe d’Emilie pour qu’elle puisse garder contact depuis son lit à la maison, avec ses camarades d’école et le second, dans la deuxième classe d’Emilie, à l’hôpital Jeanne de Flandres qu’elle fréquente régulièrement pour les besoins de sa chimiothérapie. Les bénévoles ont également fait les démarches auprès de l’Education nationale. Deux futurs professeurs des écoles, tous deux volontaires ont accepté de donner de leur temps pour dispenser une journée de classe à domicile à Emilie, le mercredi.

Le projet d’Espace Vie Cancer est sans équivoque : aider le malade et son entourage à passer l’annonce du diagnostic de la maladie, en gardant en tête qu’il y a une vie après le diagnostic, et à tout âge. « Chez nous, 80% des bénévoles sont atteints d’un cancer. Notre schéma est simple : ce sont les malades qui réconfortent les nouveaux malades ». Espace Vie Cancer œuvre depuis 2002 pour sensibiliser le public à la lutte contre les cancers, et « pour tous les cancers », insiste la présidente. Les actions de l’association sont particulièrement centrées sur l’estime de soi avec l’organisation d’un défilé de mode qui a fait défiler 35 petits atteints de cancer dont le plus jeune était âgé de 18 mois. Mais aussi des ateliers esthétiques en partenariat avec une socio-esthéticienne et bien d’autres manifestations en partenariat avec la Ligue contre le cancer. Dernière en date, le 13 novembre 2019, dans le cadre de « Movember », le mois de sensibilisation au cancer de la prostate où les bénévoles et le grand public avaient rendez-vous sur le parvis de la mairie de Fourmies pour porter une fausse moustache en soutien aux maladies de la gente masculine.

ITINERAIRE BIS veut rendre la randonnée accessible aux personnes en situation de handicap avec l’achat d’un fauteuil tout terrain

L’association Itinéraire Bis a trois ans. Son créneau : le tourisme accessible dans l’Aisne, les Hauts-de-France et au-delà de nos frontières. « Nous nous positionnons comme un centre de ressources en matière de tourisme accessible. Nous avons mis au point des outils et livrons des astuces pour faciliter les voyages des personnes en situation de handicap », ajoute Laura Lieveaux la présidente et lauréate du concours, venue récupérer son prix. La dotation de la Mutualité Française de 3000€ sera consacrée à l’achat d’une joëlette.

Une joëlette est un fauteuil tout terrain monoroue qui permet la pratique de la randonnée à toute personne à mobilité réduite. « L’idée est de prêter la joëlette à des établissements scolaires, des EPHAD, des institutions,  pour des sorties ou loisirs dans la région ou bien pour les particuliers qui partent en vacances. Ce matériel est génial, il permet d’accéder à plein d’endroits : on peut aller au Mont Saint-Michel avec ça. J’ai rencontré quelqu’un qui a monté le Matchu Pitchu en joëlette, c’est fantastique, non ? ». 

Pour l’heure, plusieurs demandes de réservation de l’appareil sont déjà enregistrées. Le fauteuil devrait être motorisé afin de faciliter son utilisation pour les personnes ayant des soucis de maintien du tronc. Itinéraire Bis travaille également auprès des professionnels du tourisme en proposant notamment aux hébergeurs, propriétaires de gîte notamment, des conseils pour permettre plus d’accessibilité pour un tourisme plus adapté. « Les personnes en situation de handicap partent également en vacances, ne l’oublions pas. Elles ont du pouvoir d’achat et représentent une part non négligeable de l’économie touristique ». 

Itinéraire Bis souhaite que toute personne en situation de handicap puisse profiter des loisirs du département et plus largement, de la région. « En tant qu’amateurs de voyages, nous avons également réalisé des fiches pratiques qui indiquent comment prendre le train, faire sa valise, préparer un voyage, des fiches sur certaines villes (New York, Londres, Baie de Somme, etc.), et beaucoup d’autres sont en projet 

AIDE FAMILIALE A DOMICILE (AFAD) propose des activités de jardinage pour rompre l’isolement des familles fragiles

En partenariat avec la Ville de Saint-Quentin et le Centre Social du quartier Neuville, l’AFAD de Saint-Quentin propose aux bénéficiaires de l’association et du centre social de Neuville, et toute personne volontaire pour rejoindre le projet, d’entretenir ensemble une parcelle de jardin située à l’espace Benjamin Rouchet, quartier de Neuville. « En tant qu’élue de quartier et salariée de l’AFAD, j’ai proposé ce projet de jardin partagé car chaque quartier de la ville dispose d’une parcelle de jardin pour les familles des centres sociaux ». Jessica Gouverne, responsable de secteur de l’association, est venue, accompagnée de plusieurs membres de la structure, retirer la dotation de 800€ du Défi Solidaire qui servira à l’achat d’un cabanon de jardin. La parcelle de jardin est gracieusement prêtée par la Ville qui s’est par ailleurs, chargée de retourner la terre pour faire les plantations avant l’été. La Ville a également pris à sa charge l’achat des semis.

« Notre association a répondu à un appel à projets de la mairie pour gérer le jardin partagé mis à disposition des 600 familles bénéficiaires rien que pour le centre social de Neuville. C’est un gros quartier de la ville », précise Jessica. « Il est souvent difficile pour les personnes isolées de descendre les quelques étages qui séparent leur immeuble de la parcelle de jardin. Les familles sont hésitantes aussi au début. Plusieurs d’entre elles préfèrent rester enfermées dans leur appartement et nous regarder jardiner depuis leur fenêtre ». C’est en effet un travail de mise en confiance qui s’inscrit dans le temps.

Le jardin est ouvert trois jours par semaine, les mercredis, vendredis et samedis. « Nous nous relayons, mes collègues et moi, à titre bénévole pour assurer l’animation de la journée du samedi. Comme l’amplitude horaire est importante, nous souhaitions rendre le jardin et notamment le matériel pour jardiner, accessible au plus grand nombre, sans poser de contrainte horaire aux familles. Jusqu’à maintenant, les outils sont stockés dans la bibliothèque municipale, attenante au jardin. Les horaires d’ouverture de la bibliothèque ne coïncident pas toujours avec les temps de jardinage souhaités alors le cabanon est la solution que nous avons trouvée ». L’association envisage également de rechercher des financements pour l’achat d’un récupérateur d’eau pour étoffer le matériel et inscrire le jardin dans une démarche de préservation des ressources naturelles.

AFIP HAUTS-DE-France s’inspire des « défis famille alimentation positive » sur le territoire du Montreuillois

Le Défi Solidaire a récompensé le dossier de l’AFIP à hauteur de 3000€ pour son engagement quotidien autour de l‘alimentation, thématique récurrente des programmes de prévention santé de la Mutualité Française.

« L’AFIP œuvre pour valoriser le milieu rural et nous voyons dans l’alimentation un fort levier de développement territorial », explique Noémie Hilmoine, accompagnatrice à la création d’activités et chargée de développement alimentation durable de l’association.

Le projet primé vise en effet à accompagner les personnes en situation de précarité à mieux comprendre les enjeux d’une alimentation plus durable (importance de la saisonnalité, du local, de l’impact sur la santé et sur l’équilibre alimentaire) et leur donner des clés pour mettre en œuvre ces conseils, par le biais de chantiers participatifs de récolte de légumes, de visites de producteurs, d’ateliers cuisine ou encore de séances de décryptage des étiquettes. Plus qu’une simple information, la démarche de l’association vise à autonomiser les personnes face à leurs choix alimentaires, et à davantage se tourner vers les produits frais et de saison, grâce à une reprise de confiance en leurs capacités à les cuisiner et à une dynamique collective conviviale (chantiers participatifs, ateliers cuisine collectifs, repas partagés, etc.).

Concrètement, le projet prend l’allure d’un défi proposant 6 à 8 temps forts étendus sur une période de six mois. En partenariat avec A Petits Pas, Bio Hauts-de-France, l’épicerie solidaire de Fruges et l’association Pincée de zen et zeste de goût, l’AFIP Hauts-de-France organise à partir de janvier prochain, 1/ des matinées « de la fourche à la fourchette ». On visualise bien l’itinéraire du produit à travers cette expression : du potager à l’assiette, vous l’aurez compris, dans le but de valoriser l’importance du local, de la saisonnalité, et la cuisine des légumes par le biais de recettes pratiques à mettre en œuvre ; 2/ des temps de sensibilisation, en donnant rendez-vous aux bénéficiaires en dehors du local de l’AFIP, à la rencontre de producteurs locaux ou de séances de décryptage d’étiquettes de produits.

L’AFIP s’est installée sur la commune d’Ambricourt, au cœur du Pays des 7 Vallées, dans un ancien corps de ferme adossé à 4 Ha de terres certifiés Agriculture Biologique et compte quatre salariés. L’association AFIP a été créée en 2001 sur la région Nord-Pas-de-Calais, d’abord adhérente au réseau national AFIP, puis depuis 2017, suite à une fusion, au réseau national CIVAM.

LE CENTRE INTERCOMMUNAL DE SERVICES A DOMICILE (CISD) aide les seniors à garder leur capital santé

Depuis 42 années, le CISD de Beauvais accompagne le quotidien des retraités, des personnes âgées, des personnes en situation de handicap et leurs familles. « Nous avons la volonté d’aider et encourager les personnes âgées et les retraités à retarder leur vieillissement en participant à des activités physiques adaptées notamment », explique Chantal Leleux, la présidente. « C’est à ce titre que nous allons proposer des séances de gymnastique douce à nos seniors bénéficiaires. Ils apprécient ces moments de cure d’entretien et de bien-être retrouvé, qui plus est, encadrés par des personnes diplômées ».

Le bien-être physique, le bien être moral, la préservation du capital santé, le maintien du lien social, etc… sont les principaux bienfaits de l’activité physique, sportive et récréative, pratiquée régulièrement au sein d’un groupe, dans la convivialité et sans esprit de compétition.

La dotation de 3000€ du Défi Solidaire soutient le fonctionnement des ateliers gymnastiques douce démarrés depuis septembre dans les salles communales et gymnase municipal de Beauvais, Tillé et Goincourt, à raison d’une heure par semaine jusqu’en juin.